Les  mares

ct 20 : dec 2001

 

La mare rue Mirabeau en 1910

L’arrivée de l’eau courante dans notre village, en 1910, fut sans conteste une amélioration considérable pour le confort des habitants. Sept années furent nécessaires pour que l’eau parvienne chez tous les habitants. Finie la corvée, maintes fois répétée, où chacun se rendait aux puits ou aux mares chercher l’eau nécessaire à la consommation Plus besoin d’y venir pomper l’eau pour l’extinction d’un éventuel incendie. Cette avancée technique apportait des changements quant aux habitudes des Vinneutiers. On prit conscience alors de la nécessité de supprimer les mares du village ainsi désertées, devenues d’inutilité publique, et facteurs d’insalubrité du fait des eaux stagnantes et nauséabondes. Au fil des ans, elles seront vidées, curées, remblayées et auront disparu ainsi de notre paysage rural. Leur suppression, commencée dès 1900, demandera un quart de siècle. Les anciens se souviennent encore de ces lieux où, enfants, ils se plaisaient à se retrouver. Certaines ont été immortalisées sur des cartes postales. La plus connue d’entre elles étant la mare de la rue Mirabeau, autour de laquelle la population était venue nombreuse ce dimanche de 1910, y planter l’arbre de la Mutualité.

Près d’un siècle s’est écoulé depuis cette époque. Des familles originaires de Vinneuf aux nouveaux arrivants, vous êtes nombreux à vous intéresser à l’histoire du village. Avez-vous entendu parler de ces mares et connaissez-vous leurs emplacements ? Nous avons pu, grâce à des recherches en mairie et aux Archives Départementales, les recenser, les situer et connaître un peu leur histoire au travers des documents et des anecdotes de l’époque, précieusement conservés.

Chacun des quartiers du village en possédait une. Dans le centre, se trouvait la  mare de Gacogne. Elle était située à l’angle des rue Victor Hugo et Voltaire. Accolée à la boulangerie, elle occupait une grande partie du carrefour, réduisant le passage de façon importante. Un parapet de 50cm d’épaisseur l’entourait comme toutes mares communales, empêchant ainsi les propriétaires de maisons contiguës de laisser s’écouler le purin de leur cour, polluant ainsi la mare, comme il fut reproché en août 1871 au boulanger de l’époque. En février 1901, le conseil municipal envisagea de la déplacer d’une vingtaine de mètres. Aussi, une enquête d’utilité publique fut ouverte sur le projet qui ne fit pas l’unanimité. De nombreux Vinneutiers déposèrent alors leur avis en mairie. Parmi eux, M. DEVINAT marchand de vins en gros, rue V Hugo qui écrit :

Monsieur le commissaire,

voilà pourquoi je désire la suppression de la mare de Gacogne et son remplacement par une autre mare dans le même quartier
1°) cette mare est nuisible pour la circulation
2°) l’eau ne fait que passer et y dépose un limon qui au bout de quelque temps est changé en vase qui empeste le quartier
3°) il n’y a jamais d’eau. Lors du dernier incendie il a fallu emprunter de l’eau aux mares de Montépôt pour alimenter les pompes. ....

Il connait bien le problème puisque ses entrepôts se situent non loin de la mare de Grosseville, supprimée en 1900, « 
attendu que depuis environ quinze ans elle avait été perforée en la curant et ne conservait plus son eau ». Les concitoyens approuvant ce déplacement, le conseil prononça sa destruction, et sa reconstruction vingt mètres en contrebas sur                   
 l’emplacement de la propriété du forgeron BISSON, les deux puits existants devant contribuer à alimenter la nouvelle mare.
 

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