L'école de Monsieur Garnier

 
La classe reconstituée par les anciens élèves de Mr Garnier, à la salle des fêtes, le 25 septembre 99
 
 

Maurice Garnier, instituteur à Vinneuf de 1937 à 1967 a vu défiler plusieurs centaines d'élèves. Il leur a enseigné le calcul, l'orthographe, la géographie et l'histoire mais surtout, en maître d'avant-garde, leur a appris à communiquer avec les autres au moyen d'un journal entièrement réalisé en classe et de correspondances avec des écoliers de l'autre bout de la France.
Si vous écoutez discuter deux anciens élèves de M. Garnier vous serez surpris par la vivacité de leurs souvenirs, comme si leur certificat d'études datait d'hier :
- Et pourtant il était sévère, notre instituteur, pas question de se présenter à l'examen si l'on n'avait pas le niveau !
- Sévère mais juste. Il ne comptait pas son temps pour aider les élèves en difficulté ou ceux qui voulaient apprendre plus, le soir, après la classe. Je me souviens d'être allé chez lui, dans sa salle à manger, il me faisait travailler.
- Avec lui, il n'y avait pas que le travail qui comptait. Faire le journal, pour nous ce n'était pas un travail. Chacun relatait un événement qui était lu et corrigé collectivement, l'auteur faisait la gravure qui illustrait l'article, sur du lino.
- Après, un groupe composait le texte avec les caractères d'imprimerie, lettre par lettre, et l'impression pouvait commencer.
- Ensuite, il fallait sortir chaque lettre, la laver pour enlever l'encre et la classer par ordre alphabétique.
- Je ne sais pas comment il s'était procuré ce matériel d'imprimerie qui était conséquent, il y a fort à parier qu'il y était allé de sa générosité.
- Maintenant encore, j'éprouve du plaisir à relire ce que nous avons écrit dans notre journal, " Allô, allô, ici 20-9 "
- Tu te souviens aussi du jumelage de l'école de Vinneuf avec celle de Parlanges, dans la Drôme ?
- Oui, et avec celle de Saint Trojean sur l'île d'Oléron.
- Chaque élève avait un correspondant à qui il écrivait une semaine et la semaine suivante il recevait sa réponse.
- Je corresponds encore de temps en temps avec celle que j'ai à Parlanges...
- Cinquante ans de correspondance, c'est beau !
- On ne faisait pas qu'écrire ou imprimer, le mercredi on faisait de la gymnastique au terrain de foot...
- Et le samedi on avait droit aux séances de cinéma dans la salle des mariages !
- Pour la fête des prix, on fabriquait les programmes et on confectionnait les costumes avec l'aide de madame Garnier...
- Elle faisait la classe aux plus jeunes et donnait des cours d'enseignement ménager aux filles.
- On apprenait aussi la musique, je me souviens, les filles avaient des pipeaux blancs et les garçons des noirs...
M. Garnier a ainsi marqué son temps comme ces méthodes d'enseignement novatrices utilisées encore aujourd'hui. 

Alors, à l'initiative de quelques uns de ses anciens élèves ils se sont retrouvés  le 25 septembre 1999, ils venaient de Nîmes, Manosque, Genève, Paris ou... Vinneuf. On aurait dit une grande classe, émue et joyeuse, prête à s'asseoir sur les bancs de l'école pour écouter les paroles de son instituteur. Maurice Garnier, 88 ans, a reçu la médaille communale des mains du maire et a écouté, avec ses 110 anciens élèves, les discours de deux d'entre eux, Marcellus Chéreau et Michel Bridou. L'instituteur, trop ému pour s'exprimer en public, a laissé lire son discours par son fils, Claude, (dont nous apprenions, avec consternation, le décès brutal quelques semaines plus tard). Cette mémorable journée aura demandé plus de six mois de préparation aux organisateurs qui ont recensé 400 élèves. Même si certains manquaient à l'appel, réunir autant de « potaches » après tant d'années, quelle belle réussite ! 


 
Mr Garnier entouré de ses anciens élèves.

 
 
 
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