Si vous récoltez beaucoup de pommes dans votre jardin mais pas nécessairement bonnes à manger, comme certaines variétés trop acides ou farineuses, n’hésitez pas à faire appel à Monsieur Picouet. Son entreprise, située à Gron, distille les fruits pour faire de l’eau de vie grâce à son alambic mais elle possède aussi un pressoir ambulant qui parcourt les communes de la région pour fabriquer le cidre. M.Picouet n’est pas le seul à pratiquer cette activité puisqu’une dizaine d’autres cidriers travaillent sur le département de l’Yonne durant deux mois intensifs du début octobre à la fin novembre.

Autrefois la fabrication du cidre se faisait sur place. Certains villages possédaient des pressoirs et les habitants des communes avoisinantes se déplaçaient avec leur lourd chargement de pommes et ramenaient chez eux les tonneaux pleins du précieux liquide. Après la dernière guerre, les véhicules à moteur permirent aux cidriers de simplifier cette tâche et de produire une quantité plus importante de cidre. C’est en effet un tracteur qui tire cette impressionnante machine qu’est le pressoir, une petite usine à lui tout seul.

Un habitant de Vinneuf, particulièrement riche en pommes, nous a permis de voir ce dispositif en action. Les pommes sont jetées dans un grand bac en ferraille, au bas de la machine, où elles sont lavées puis acheminées par un élévateur à godets jusqu’au broyeur qui va déchiqueter les fruits avant qu’ils ne passent sous la presse. Plusieurs plateaux superposés et chargés de cette « compote » sont alors serrés par une presse à moteur jusqu’à ce que les fruits aient totalement craché leur jus qui s’écoule par un robinet au bas de l’appareil. Un tuyau amène directement le liquide dans les tonneaux où il reposera pendant deux mois avant d’être mis en bouteilles pour devenir du cidre bouché. Le marc, résidu des fruits que l’on a pressés, peut servir ensuite à fabriquer de l’eau de vie.