L’
allumeur
de réverbères |
A gauche, le réverbère à pétrole du quartier de Gacogne |
Le conseil municipal vient d’adopter l’instauration d’un éclairage permanent dans les rues de Vinneuf. Cette nouvelle avancée nous renvoie quelques décennies en arrière nous rappelant combien l’arrivée de l’électricité était attendue dans notre village au début du XXème siècle. Que de chemins parcourus depuis cette époque où, les balbutiements de l’ère industrielle faisaient rêver. La « Fée électricité », comme on l’appelait en 1889, venait d’illuminer la France entière à travers les 10.000 ampoules dont s’était parée la tour Eiffel pour fêter l’ouverture de l’Exposition Universelle et le centenaire de la Révolution Française. Cette nouvelle, qui fit la une de la presse écrite de l’époque, laissait penser qu’un jour prochain, l’électricité arriverait dans nos villages. Mais, comme bon nombre d’innovations technologiques, il faudra beaucoup de moyens, de l’argent et du temps pour que soit réalisé le réseau électrique. En effet, il ne faut pas oublier qu’en cette fin de XIXème siècle la vie était rude, et que la population se battait durement pour vivre décemment. Néanmoins, la révolution industrielle était en marche et allait changer la vie quotidienne de tous les français. L’électricité était donc attendue avec impatience, comme l’exprime avec enthousiasme l’abbé Laboise dans l’Écho de Vinneuf de mars 1901 : « ...Vinneuf va avoir son bureau de poste. C’est décidé ! On parle aussi d’un bureau téléphonique. Aurons-nous le chemin de fer, puis le gaz ou l’électricité ? ...» . Il faudra encore attendre près d’un quart de siècle pour que Vinneuf soit doté d’un réseau de distribution de l’énergie électrique. C’est en 1924 qu’apparaissent les premiers poteaux d’éclairage public alimentés à l’électricité en remplacement des anciens réverbères à pétrole installés depuis 1899. A l’époque, le conseil municipal et son maire M. Eugène Gaudaire, avaient passé marché avec M. Luchaire, ingénieur à Paris, pour la fourniture et l’installation de dix huit réverbères pour une somme de 1300 F. L’installation eut lieu entre janvier et novembre 1899. Il restait alors à régler le problème de l’allumage. Cette responsabilité fut confiée à M. Ernest Raguin à travers un traité de gré à gré, lui signifiant le détail de son rôle. Extrait du traité de gré à gré du 25 octobre 1900 Art.1- Le sieur Raguin se charge de l’allumage des 18 réverbères communaux. Il fournira le pétrole nécessaire, à l’entretien des 18 lampes à dater du 25 octobre 1900 jusqu’au 1er mai 1901 révolus. Art. 2 - Les appareils devront être allumés à la chute du jour, soit à 5h du soir les jours les plus courts. L’éclairage devra durer jusqu’à 10h du soir en semaine et jusqu’à 11h les dimanches et jours de fête. Art.3 - L’allumage aura lieu tous les mois à partir du 4ème jour de la pleine lune jusqu’au 3ème jour de la nouvelle lune suivante, de manière que la durée de l’allumage soit de 15 jours par mois. Art.4 - Pendant les quatre jours de fêtes patronales, soit les 2 dimanches et les 2 lundis de ces fêtes, les appareils seront allumés toute la nuit aux frais de M. Raguin. Art.5 - Le montage, démontage, nettoyage et fourniture de mèches seront également à la charge de M. Raguin, ainsi que les accidents et dégâts provenant de son imprudence. Art.6 - En cas de maladie ou empêchement le sieur Raguin devra pourvoir à son remplacement à ses frais. En cas d’inexécution des clauses et conditions stipulées ci-dessus, la commune se réserve le droit après trois rappels des dites conditions par le maire, de retirer l’éclairage concédé et de le faire exécuter par un autre. Dans ce cas, si les nouveaux frais dépassaient le montant du marché, ils seraient supportés pour le surplus, par le dit Raguin. Art.7 - Pour prix du marché qu’il consent, le dit Raguin recevra une somme de trois cent quatre-vingt-quinze francs qui lui sera mandaté par le maire en une ou plusieurs fois. Art.8 - Le présent traité expirera de plein droit le 1er mai 1901. Elle n’était pas
facile la tâche du lampiste. Traverser le village avec son échelle, son
bidon de pétrole, ses mèches et tous ses accessoires nécessaires à l’entretien,
à l’allumage et à l’extinction des lanternes publiques. Nous comprenons alors
pourquoi l’électricité était attendue avec tant D’autres installations interviendront par la suite. Le 9 novembre 1907 est demandée la pose de 3 nouveaux réverbères : le premier rue Voltaire, le second rue Victor Guichard à l’extrémité du coté de Bazoche, et le troisième au bureau de poste. De nouveau à l’ordre du jour, une lanterne supplémentaire est souhaitée le 23 janvier 1909, cette fois rue Turgot . Il est intéressant de regarder avec attention les quelques cartes postales de Vinneuf de cette époque et d’y rechercher ces fameux éclairages au pétrole. Vous pouvez les apercevoir, à l’angle notamment des rues Turgot et Pasteur, Paul Bert et Victor Hugo, Lepère et Victor Hugo. |