Le  rendez-vous  de  
l ' alambic
« le canard tambour » n°7 - automne 1998
 

 
Pour obtenir l'eau-de-vie, la fameuse « goutte », à qui l'on prête des vertus bienfaisantes et digestives, une singulière machine est indispensable, l'alambic. Sans doute reverrons-nous, cette année encore, le bleu de travail de la distillatrice s'affairer autour du reflet roux de l'alambic pour son rendez-vous automnal avec les bouilleurs de cru.
Les bouilleurs de crus sont les propriétaires qui ont le droit de distiller leur propre production sans payer de taxes. 
Mais ce privilège n'est plus transmissible depuis 1960, aussi sont-ils de plus en plus rares. 
Ceux-là ont droit à 1000° d'alcool et ne payent que la façon (la fabrication). 
Les autres peuvent quand même distiller leurs fruits, moyennant, en plus de la façon, une taxe au Trésor Public (95,10F pour 100°). 
Chez nous, le distillateur en titre est l'une des deux femmes qui font ce métier dans l'Yonne : 
Nadine André, native de Vinneuf habitant Chapître, un hameau de Champigny.
 Ainsi la voit-on accompagner la tonne et demi de l'alambic, ce drôle d'insecte cuivré monté sur roues, de Villethierry à Champigny, Sergines ou Vallery et l'installer pour une semaine à Vinneuf. 
Les bouilleurs de crus apportent alors les containers dans lesquels macèrent les prunes ou autres fruits (parfois depuis trois ans), ainsi que le bois nécessaire. 
Nadine verse fruits et eau dans la machine, le feu de bois fait bouillir le mélange. Commence alors le long périple de la vapeur dans le dédale des tuyaux. 
La distillation est suivie d'une condensation de l'alcool à récupérer et c'est une eau-de-vie à 85°, transparente comme de l'eau de source, qui coule au robinet de sortie de l'alambic.
A Vinneuf, c'est le plus souvent de la prune ou du raisin que l'on distille, mais l'eau-de-vie peut se faire avec d'autres fruits, même mélangés. 
Attention, pour certains fruits comme la pêche, la framboise ou la fraise, vous devrez acquitter les taxes, que vous soyez bouilleur de cru ou pas.
Alors, même si, comme le regrette Nadine André « le métier se perd et le plein tarif est cher », si l'envie vous prend de transformer votre récolte en autre chose qu'en tartes ou en confitures. sans prendre ceci pour une incitation à la consommation d'alcool, rendez-vous vers la fin de l'automne sur la place en haut de la rue Voltaire, notre « distillatrice » vous renseignera sur les formalités et le déroulement des opérations.
 
 

 

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